Parapluie-et-Canotier

La Science des Rêves

Mercredi 2 mars 2011 à 1:55

Black Swan de Darren Aronofsky (2011) ou comment la belle Natalie Portman n'a pas volé son Oscar.

Au même titre que Requiem for a dream, Black Swan est un film qui hante longtemps après l'avoir vu...
Le postulat de base est très simple voire cliché: une jeune danseuse acharnée et douée, Nina, est prête à beaucoup de choses pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes. Le chorégraphe ne voit pourtant en elle que le Cygne Blanc, fragile et craintif mais pas son double maléfique, le Cygne Noir, sensuel et retors. En gros, Nina est une enfant qui doit apprendre la vie. Alors elle touche un peu à la drogue, un peu au sexe mais loin de faire ressortir son côté sombre, ces actes plongent Nina dans un délire de plus en plus poussé. Ce que le spectateur voit est la perception des choses de Nina: réalité ou délire ?

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Aronofsky récupére tout les vieux clichés de bases (le double, la jeune fille sage, le bien/le mal), le classique des classiques du ballet Le Lac des Cygnes (qui est un putain de ballet insupportable à la base et pourtant j'ai fait de la danse où le Lac des Cygnes, c'était the must). Sauf que là, il nous embarque dans un conte cruel et va jusqu'au bout du délire et de l'horreur. Nina doit mettre au monde le Cygne Noir. Pour ça, son corps souffre (scarifications, blessures...tout y est), son mental dévie totalement et la transforme en un monstre de paranoïa, persuadée qu'on veut lui voler le rôle. Et elle accouche d'un monstre, mi humain mi oiseau, à l'image de ce qu'elle est devenue. Le Cygne Blanc a enfin un double. Et la tendre Nina chute.
Cette transformation peut être vue comme une mort et une naissance, la fin peut évenutellemnt le suggérer. Nina a tué l'enfant trop sage, étouffée par une mère monstrueuse, et mis au monde une autre Nina, déjà plus femme, plus manipulatrice et séductrice. La scène du Cygne noir est de toute beauté. Mais c'est tellement difficile de dire pourquoi ça nous plait. Ce monstre magnifique, envoûtant qui fait monter la tension chez le spectateur.
Mais le film comporte bien d'autres niveaux de lecture. Ah d'ailleurs, la relation mère-fille de Black Swan m'a fait penser à celle, encore plus siphonnée, entre Isabelle Huppert et  Annie Girardot dans La Pianiste de Haneke.

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Techniquement (bah oui c'est pas comme si j'étais biberonnée à l'analyse d'image depuis deux ans et encore la technique ahem... ), la caméra d'Aronofsky se fait charnel, au plus près du corps et ça donne des choses vraiment belles. Je pense notamment à la scène d'ouverture, avec ce Cygne Blanc tellement aérien et fragile que déjà l'émotion est là. Les effets spéciaux (je ne suis pas spécialiste) tiennent la route mais l'impression n'est pas la même surtout concernant les deux transformations en Cygne Noir: l'une est laide, l'autre superbe. Est-ce voulu ou non, je n'en sais rien. Mais j'en ai trouvé une bien plus belle que l'autre.
Et cette musique de Clint Mansel mêlée à celle de Tchaïkovsky. C'est un moment d'émotion pure ça aussi. Quelque chose qui fait qu'on ressort du cinéma en fredonnant la partition avec des petits papillons dans la ventre.

Et cette fin brutale qui est un aboutissement (ou une naissance ?) ...eh bien ça n'a pas raté. La Reine des Pommes dans les choux et bien humide. Les paquets de Kleenex des amis présents y sont passés. Enfin, je prends ça sur le ton de la plaisanterie mais je n'en menais pas large du tout. J'ai eu l'impression de voir un film abouti, un film qui en partant avec des thèmes bien handicapants tient la route et nous emmène très loin, hors des sentiers battus. L'impression de tenir quelque chose de fragile, d'éphémère (1heure40 hors du temps) et qui en même temps reste imprimée. La beauté de cette Nina hallucinée et de la mise en scène viscérale de la transformation et de la chute de celle qui est au final une grande perfectionniste et qui ne désire rien sinon la perfection. Jusqu'à la folie.

Oui définitivement, ce film à la beauté vénéneuse m'a troublé et me trotte encore dans la tête. Je pensais même être plus touchée par les scènes un peu hard quand les ciseaux, les éclats de miroir ou les scarifications apparaissent à l'écran et finalement non. Enfin si mais non.  Parce que au final, ce qui m'est insupportable, c'est l'idée de la mutilation ou de la blessure, de la chair meurtrie. J'imagine que trop la douleur e l'aspect que ça peut avoir, et t c'est ça qui me terrorise. Et là Aronofsky montre tout. C'est horrible, j'aurais dit insoutenable avant de voir le fim et finalement non. C'était presque une sorte de fascination, comme quoi Aronofsky fait encore très fort à mon avis en magnifiant la folie et la douleur. Un film qui fait froid dans le dos mais agréablement. Paradoxal ? Non à peine.

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Mercredi 2 mars 2011 à 0:48

Bonsoir...

M'excuserez de cette présentation un peu froufrou...je ne me suis pas encore remise du mélange Vitalic, insomnie, vodka et cigarette de cette nuit. Mélange assez cool cela dit. J'aime bien la tête de raton laveur que ça m'a fait. (Je vire carrément froufrou ces derniers temps, faut pas s'inquièter)

Parapluie et Canotier est un jardin à coups de coeur. Si vous faites attention aux articles qui vont suivre, vous comprendrez vite d'où sort ce nom.

Coups de coeur sur le cinéma, la littérature, la musique, la mode et tant d'autres sujets. Des choses qui inspirent.
Ce que j'écris, je ne le considère pas comme parole d'Evangile simplement comme l'expression d'un point de vue. Plaît, plaît pas... si on critique, on critique constructif !

Bref..les articles de présentations ont toujours autant le don de m'énerver. Tu passes vingt minutes à t'exciter sur ton texte pour pas paraitre trop crétine, trop narcissique ou je ne sais quoi encore mais au final t'es pas contente. Le mieux pour découvrir quelqu'un, c'est de s'intéresser à ce qu'il aime.

Les premiers articles iront sans doute aux Chansons d'Amour de Christophe Honoré, à J'ai tué ma mère de Xavier Dolan, à Black Swan d'Aronofsky et aux Amours Imaginaires de Xavier Dolan à nouveau.
A très vite...

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