Parapluie-et-Canotier

La Science des Rêves

Mardi 5 avril 2011 à 21:40

Valse avec Bachir réalisé par Ari Folman (Israël, France, Allemagne) en 2008

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Ari Folman présente son film de la manière suivante:

"J'ai été enrôlé dans l'armée avant mes 17 ans. En septembre 1982, j'arrivais à Beyrouth Ouest avec l'armée israélienne, après l'assassinat du président Bachir Gemayel, le jour de sa  nomination. Je quittais Beyrouth Ouest trois jours plus tard, j'étais une tout autre personne...
Cette histoire est mon histoire, que j'ai décidé de raconter après plus de vingt ans."


Que dire de ce film surprenant, envoûtant, hypnotique et terrible ? Je vous le dis plus tard.
..

Vendredi 4 mars 2011 à 0:32

Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan ou comment un mec de 21 ans adapte les Fragments d'un discours amoureux à la sauce pop et vintage...

Le DVD des Amours Imaginaires sort le 9 mars. Donc je vais me précipiter pour l'acheter et me le visionner en pleine nuit, en bavant sur le personnage de Monia Chokri qui est vraiment génial avec ses fringues vintages ("Oui mais ça veut pas dire que c'est beau" dixit Francis), son besoin incontrôlable de fumer et de parler encore et encore afin de ne pas mourir (je dirais presque que ces traits de caractère me sont très très familiers) et en trépignant sur le BO (The Knife, Fever Ray, Comet Gain, House of Pain ou encore Vive la Fête) encore que pour moi, trépigner dans mon lit simple coincé entre le mur et la bibliothèque sans se ramasser Baudelaire et Flaubert sur la pomme relèverait de l'exploit.

Bon avant la "critique" complète qui viendra plus tard, un résumé: Marie (Monia Chokri) et Francis (Xavier Dolan) sont amis. Ils tombent amoureux de la même personne, le beau (et suffisamment con soit dit en passant pour mettre un râteau à Monia Chokri et à Xavier Dolan quoi ! Il lui faut quoi sérieusement à ce mec ?) Nicolas (Niels Schneider). Chacun des deux amis lui manifeste alors son intérêt et tente de le séduire. Nicolas, jouant l'ambigüité vis-à-vis des deux, ne manifeste pas de réelle préférence. Un étrange trio amoureux se forme et chacun interprète alors à sa manière les faits et gestes de Nicolas. Et se glissent dans ce ballet, des saynètes de personnes qui discutent  d'amour et plutôt d'échec amoureux...

VICTOIRE ! J'ai le DVD depuis un certain temps mais un petit surplus de travail scolaire m'a empêché de venir faire la critique.

Ce qui me plaît dans ce film, c'est que c'est un film que l'on pourrait réaliser soi-même. J'ai d'ailleurs été surprise de voir qu'une scène (peut-être la plus belle du film) ressemble à peu de chose près à la scène que j'ai écrite pour mon scénario de bac avant de voir le film.  Mais bon, je suis pas sûre que mon résultat sera aussi probant que Xavier Dolan. La scène de la fête chez Nicolas, où sa mère porte une perruque bleue, et où Marie et Nicolas ruminent en regardant Nicolas danser. Et là moment de grâce où Marie voit Nicolas sous les traits d'une statue grecque de toute beauté là où Francis le voit à travers les dessins tourmentés de Cocteau ( j'ai une faiblesse pour ce choix) le tout à travers la lumière hallucinée d'un stroboscope et les envolées de la musique de the Knife, Pass this on.

http://parapluie-et-canotier.cowblog.fr/images/lesamoursimaginaires4g.jpgMarie

Aie aie, comment dire. Ce film est génial ( c'est ça, fait ta groupie de base...)

Les plans sont assez simples mais le contenu l'est beaucoup moins. Chaque plan est une explosion de musique, de style, de saillies drolatiques, d'esthétisme.

Xavier Dolan propose une bande son vraiment archaïque bien qu'aussi belle que branchée: le magnifique Bang Bang de Dalida, des niaiseries du genre France Gall, Renée Martel (oui grande chanteuse pop québécoise, je vous laisse imaginer...) ou Isabelle Pierre (idem que la précédente) qu'on se surprend à fredonner et à aimer au final malgré leur summum de ringardise, des trucs plus pointus comme the Knife, Vive la fête (je devenais folle en entendant la musique) ou Fever Ray, de belle découvertes comme House of Pain. Donc déjà une superbe BO.

Puis bon, Xavier Dolan il nous écrit des dialogues assez caustiques ou hilarants, un véritable jeu de ping pong entre nos trois protagonistes, parfois à la limite de la préciosité notamment avec le personnage de Marie. C'est à celui qui balancera la petite pique bien acide en premier devant le beau Nicolas...C'est méchant, on l'a déjà vécu mais on se surprend à rire.


Dolan filme près des corps et avec beaucoup de pudeur. Les formes de Marie dans sa robe violette, les scènes d'amour qui font la totale sur le plan technique (filtre couleur, ralenti...), le dos ou la nuque de Marie à nouveau. Ils aiment Nicolas mais ça ne les empêche pas pour autant de baiser avec des rencontres d'un soir et auprès desquels l'un se révèle d'une timidité et sensibilité inquiétante quand l'autre se révèle dans un besoin incontrôlable de nicotine et de parole. C'est bien, c'est même très bien, ça rassure même.

http://parapluie-et-canotier.cowblog.fr/images/lesamoursimaginairesdolan.jpgFrancis

Le film de Xavier Dolan parle, en y mettant beaucoup de formes, de personnes pour lesquelles on ressent beaucoup plus d'empathie que pour le Hubert de J'ai tué ma Mère. Des êtres frustrés, meurtris mais aussi pleins d'espoir et d'amour, avec leurs petites jalousies, je pense à ce beau moment où Marie décide de quitter le châlet où ils passent un week-end à trois et qui se termine en "lutte boréale" dans un camaieu autonmnale filmé au ralenti sur Keep the Streets Empty for Me de Fever Ray entre les deux meilleurs amis, sous le regard amusé du bellâtre. 
Puis il y a aussi des moments pleins de douceur et de tendresse, une scène sous la pluie où Marie se tient seule sous son parapluie avec Francis à ses côtés puis où elle avance son parapluie au dessus de la tête de son ami, comme une réconciliation silencieuse.

En insérant des passages où des personnes extérieures au film viennent discuter des relations entre les hommes, les femmes, Dolan nous propose une lecture presque documentaire de l'amour et de son échec (parce que le film parle bien plus d'échec que de réussite amoureuse). Un de ces passages, où une jeune femme explique les différents états par lesquels elle passe alors que l'être aimée est en retard ressemble à s'y méprendre à un passage des Fragments d'un discours amoureux de Roland Baaaaaaarthes (ça c'est le spectacle de Luchini qui me trotte encore dans la tête, moment où il hurle Roland Barthes avec au moins huit "a"). Je trouve ça vraiment intéressant. Il y a aussi un fameux moment où un mec sacrément lourd nous fait toute l'échelle de Kinsey ( qui gradue de O à 6 ton orientation sexuelle  voir à la fin de l'article) et où tu te dis: pourquoi graduer une chose aussi mystérieuse et incertaine que la sexualité. C'est pas une putain de case !

Il y a aussi des moments franchement drôles. La réaction totalement incongrue de Francis, quand à une fête, un an après, il revoit Nicolas. A ce moment, on comprend que Marie et Francis ont tiré un trait sur ce garçon. Mais pour mieux recommencer semble nous dire la musique lancinante de Bang Bang quand la  caméra se pose sur le beau Louis Garrel, pendant quelques minutes avant le générique.

 .
C'est un film sur les petites et grandes déceptions de la vie, vous savez, ces moments où l'on voudrait ne rien faire d'autre qu'exploser mais où on retient tout pour soi. Ces moments où l'on encaisse et sourit alors qu'on voudrait disparaitre.
Dolan nous parle de tout ça en utilisant tout ce que le cinéma peut mettre à sa disposition
C'est parfois esthétisant mais il ose beaucoup de chose, même au risque de se planter et c'est bien. Ce qui nous donne des fulgurances pleines de grâce et franchement prometteuses pour la suite.

Et en 2012, Laurence Anyways !!! Et, Louis Garrel a déclaré forfait, le con.
Dolan/Garrel, j'en rêvais.


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Bande Annonce:  watch
Extrait: www.youtube.com/watch



Echelle de Kinsey ( je ris encore en repensant au résultat)                                                            

0. Entièrement hétérosexuel(le)
1. Prédominance hétérosexuelle, occasionnellement homosexuel(le)                                                  
2.Prédominance hétérosexuelle, avec un «passé» homosexuel bien distinct
3. Egalement hétérosexuel(le) et homosexuel(le)
4. Prédominance homosexuelle, avec un «passé» hétérosexuel bien distinct
5. Prédominance homosexuelle, occasionnellement hétérosexuel(le)
6. Entièrement homosexuel(le)




Mercredi 2 mars 2011 à 1:55

Black Swan de Darren Aronofsky (2011) ou comment la belle Natalie Portman n'a pas volé son Oscar.

Au même titre que Requiem for a dream, Black Swan est un film qui hante longtemps après l'avoir vu...
Le postulat de base est très simple voire cliché: une jeune danseuse acharnée et douée, Nina, est prête à beaucoup de choses pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes. Le chorégraphe ne voit pourtant en elle que le Cygne Blanc, fragile et craintif mais pas son double maléfique, le Cygne Noir, sensuel et retors. En gros, Nina est une enfant qui doit apprendre la vie. Alors elle touche un peu à la drogue, un peu au sexe mais loin de faire ressortir son côté sombre, ces actes plongent Nina dans un délire de plus en plus poussé. Ce que le spectateur voit est la perception des choses de Nina: réalité ou délire ?

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Aronofsky récupére tout les vieux clichés de bases (le double, la jeune fille sage, le bien/le mal), le classique des classiques du ballet Le Lac des Cygnes (qui est un putain de ballet insupportable à la base et pourtant j'ai fait de la danse où le Lac des Cygnes, c'était the must). Sauf que là, il nous embarque dans un conte cruel et va jusqu'au bout du délire et de l'horreur. Nina doit mettre au monde le Cygne Noir. Pour ça, son corps souffre (scarifications, blessures...tout y est), son mental dévie totalement et la transforme en un monstre de paranoïa, persuadée qu'on veut lui voler le rôle. Et elle accouche d'un monstre, mi humain mi oiseau, à l'image de ce qu'elle est devenue. Le Cygne Blanc a enfin un double. Et la tendre Nina chute.
Cette transformation peut être vue comme une mort et une naissance, la fin peut évenutellemnt le suggérer. Nina a tué l'enfant trop sage, étouffée par une mère monstrueuse, et mis au monde une autre Nina, déjà plus femme, plus manipulatrice et séductrice. La scène du Cygne noir est de toute beauté. Mais c'est tellement difficile de dire pourquoi ça nous plait. Ce monstre magnifique, envoûtant qui fait monter la tension chez le spectateur.
Mais le film comporte bien d'autres niveaux de lecture. Ah d'ailleurs, la relation mère-fille de Black Swan m'a fait penser à celle, encore plus siphonnée, entre Isabelle Huppert et  Annie Girardot dans La Pianiste de Haneke.

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Techniquement (bah oui c'est pas comme si j'étais biberonnée à l'analyse d'image depuis deux ans et encore la technique ahem... ), la caméra d'Aronofsky se fait charnel, au plus près du corps et ça donne des choses vraiment belles. Je pense notamment à la scène d'ouverture, avec ce Cygne Blanc tellement aérien et fragile que déjà l'émotion est là. Les effets spéciaux (je ne suis pas spécialiste) tiennent la route mais l'impression n'est pas la même surtout concernant les deux transformations en Cygne Noir: l'une est laide, l'autre superbe. Est-ce voulu ou non, je n'en sais rien. Mais j'en ai trouvé une bien plus belle que l'autre.
Et cette musique de Clint Mansel mêlée à celle de Tchaïkovsky. C'est un moment d'émotion pure ça aussi. Quelque chose qui fait qu'on ressort du cinéma en fredonnant la partition avec des petits papillons dans la ventre.

Et cette fin brutale qui est un aboutissement (ou une naissance ?) ...eh bien ça n'a pas raté. La Reine des Pommes dans les choux et bien humide. Les paquets de Kleenex des amis présents y sont passés. Enfin, je prends ça sur le ton de la plaisanterie mais je n'en menais pas large du tout. J'ai eu l'impression de voir un film abouti, un film qui en partant avec des thèmes bien handicapants tient la route et nous emmène très loin, hors des sentiers battus. L'impression de tenir quelque chose de fragile, d'éphémère (1heure40 hors du temps) et qui en même temps reste imprimée. La beauté de cette Nina hallucinée et de la mise en scène viscérale de la transformation et de la chute de celle qui est au final une grande perfectionniste et qui ne désire rien sinon la perfection. Jusqu'à la folie.

Oui définitivement, ce film à la beauté vénéneuse m'a troublé et me trotte encore dans la tête. Je pensais même être plus touchée par les scènes un peu hard quand les ciseaux, les éclats de miroir ou les scarifications apparaissent à l'écran et finalement non. Enfin si mais non.  Parce que au final, ce qui m'est insupportable, c'est l'idée de la mutilation ou de la blessure, de la chair meurtrie. J'imagine que trop la douleur e l'aspect que ça peut avoir, et t c'est ça qui me terrorise. Et là Aronofsky montre tout. C'est horrible, j'aurais dit insoutenable avant de voir le fim et finalement non. C'était presque une sorte de fascination, comme quoi Aronofsky fait encore très fort à mon avis en magnifiant la folie et la douleur. Un film qui fait froid dans le dos mais agréablement. Paradoxal ? Non à peine.

http://parapluie-et-canotier.cowblog.fr/images/BlackSwan1.jpg

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